Appel à Expression d’Intérêt – Collecte de données pour une veille politico-sécuritaire au Sahel et aux pays côtiers

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Interpeace

Interpeace est une organisation internationale de consolidation de la paix. Forte de plus de 25 ans d’expérience, elle a mis en œuvre un large éventail de programmes de consolidation de la paix en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie, en Europe et en Amérique latine.

Interpeace adapte son approche à chaque société et veille à ce que son travail soit conçu et piloté localement. Grâce à des partenaires locaux et à ses propres équipes locales, elle élabore conjointement des programmes de consolidation de la paix fondés sur des consultations et des recherches approfondies. Interpeace aide à établir des processus de changement qui favorisent la paix durable, la cohésion sociale et la résilience. Le travail de l’organisation est conçu pour connecter et promouvoir la compréhension entre les communautés locales, la société civile, les gouvernements et la communauté internationale. Interpeace aide également la communauté internationale – en particulier les Nations unies – à jouer un rôle plus efficace dans la consolidation de la paix, en s’appuyant sur l’expertise d’Interpeace en matière de travail sur le terrain au niveau de la base. Elle aide également la communauté internationale par le biais d’un travail de “proactivité pour la paix”, dans lequel Interpeace fournit des conseils et un soutien pratique à d’autres organisations internationales (en particulier celles des secteurs de la stabilisation, du développement et de l’aide humanitaire), leur permettant d’adapter leur travail de manière systémique afin de traiter simultanément les dynamiques de conflit et de renforcer les dynamiques de paix. Interpeace a son siège à Genève, en Suisse, et dispose de bureaux dans le monde entier.

En Afrique de l’Ouest, Interpeace est engagée au Burkina Faso, au Mali, en Côte d’Ivoire et en Guinée-Bissau.

Contexte

La situation politique et sécuritaire au Sahel continue de se détériorer à un rythme alarmant.

Les coups d’État se normalisent de plus en plus. Depuis 2020, un vent d’instabilité politique souffle sur l’Afrique de l’Ouest. En moins de deux ans, la région a connu pas moins de cinq coups d’État militaires sur fond de grave crise sécuritaire. Le Burkina Faso a tout récemment connu son deuxième coup d’État en l’espace de neuf mois, tandis que le Mali continue de se débattre avec une transition après une prise de pouvoir militaire, suite à deux coups d’État successifs en 2020 et 2021. Le coup d’État raté de 2021 au Niger est le signe de profondes fissures dans le pays et de la fragilité inquiétante de la situation dans la région au sens large.

Le manque de confiance entre les différentes communautés, les inégalités horizontales entre les citoyens et la concentration du pouvoir entre les mains de quelques-uns sont autant de problèmes qui s’enveniment depuis des décennies et qui continuent de se manifester jusqu’à ce jour. Ainsi, les coups d’État militaires sont de plus en plus soutenus par des citoyen.ne.s exaspéré.e.s par l’absence de progrès et l’incapacité des gouvernements élus à résoudre l’insécurité massive. Convaincus que les causes profondes peuvent être résolues par une approche sécuritaire, nous voyons les populations locales se tourner vers des gouvernements dirigés par des militaires. Cependant, les preuves accablantes montrent que les réponses sécuritaires et de stabilisation n’ont pas été efficaces, mais largement contre-productives.

L’extrémisme violent se répand, et les groupes armés exploitent les tensions sociales et les griefs préexistants, menaçant la vie et les moyens de subsistance des communautés locales. Les déplacements forcés à l’intérieur et à l’extérieur des frontières et la montée de l’insécurité dans les régions septentrionales des États côtiers, dont la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo et le Bénin, montrent que la crise au Sahel ne se limite plus aux « géographies » du Mali, du Burkina Faso et du Niger. La menace d’une contagion de la crise du Sahel aux régions côtières est déjà une réalité pour les États du Golfe. Bien que l’expérience ait montré que les solutions sécuritaires dures sont inefficaces et que la crise sécuritaire actuelle trouve son origine dans une crise politique et de gouvernance, les interventions privilégient toujours les activités militaires et sécuritaires. Les récents accords militaires signés entre le Niger et le Bénin, les opérations militaires conjointes menées par le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, et la relance de l’Initiative d’Accra, sont autant d’indicateurs qui montrent que l’on continue à privilégier les approches de sécurité dure et la coopération militaire pour atténuer les menaces terroristes qui pèsent sur les États côtiers.

L’échec des stratégies provoque un sentiment de désespoir parmi les acteurs internationaux et régionaux, y compris les acteurs de l’Union africaine (UA) et de l’Union européenne (UE). Alors que les donateurs sont découragés par les événements politiques dans la région du Sahel, il est de plus en plus nécessaire de concentrer notre attention sur les liens entre les menaces d’instabilité qui pèsent sur les régions du Sahel et du Golfe de Guinée.

Au niveau régional, l’instabilité risque de créer un cercle vicieux de conflit qui s’appuie sur l’instabilité dans un endroit pour alimenter la violence dans les pays voisins, les groupes armés occupant le vide face à l’instabilité. Dans ce contexte, il peut être dangereux d’ignorer la dynamique transfrontalière 2 des conflits dans la région. Il est donc impératif de donner la priorité aux mécanismes de prévention pour éviter une nouvelle inflammation des conflits. La zone de débordement du Sahel est déjà une cible importante des efforts de réduction des conflits, mais les pays situés en dehors de cette région représentent un risque élevé. Alors que la violence terroriste s’intensifie et se propage dans toute l’Afrique de l’Ouest, touchant de plus en plus les États côtiers, les bouleversements politiques actuels signalent le besoin urgent de repenser fondamentalement l’approche adoptée jusqu’à présent par les États sahéliens pour contrer l’extrémisme violent.

La tendance à considérer le Sahel en « isolation géographique et territorial », détaché du contexte plus large de l’Afrique de l’Ouest, est problématique. La sonnette d’alarme a été tirée. Le moment est venu de prévenir toute nouvelle violence et de formuler des réponses appropriées et adaptées au contexte pour les États côtiers d’Afrique de l’Ouest.

Interpeace propose une veille politico-sécuritaire afin d’élaborer des recommandations exploitables pour les acteurs régionaux et internationaux, en s’appuyant sur les expériences directes des communautés locales. Par le biais d’analyses de contexte bimensuelles et des flash updates, ainsi que d’une table ronde avec les acteurs concernés à la fin du projet, la veille permet une analyse à plus long terme des tendances de conflit et des risques de débordement dans le Sahel, en particulier au Mali, au Burkina Faso, au Niger, ainsi que dans l’État côtier de la Côte d’Ivoire.

Objectif de la consultance

La mission du ou de la consultant.e consiste à assurer la collecte de données régulière et fiable dans des localités transfrontalières et difficile d’accès entre le Mali, le Burkina Faso, le Niger et la Côte d’Ivoire (notamment dans le Liptako Gourma et la zone Sikasso-Korhogo-Bobo Dioulasso [SKoBo]). Ces données serviront comme base d’information pour la veille politico-sécuritaire d’Interpeace.

Plus spécifiquement Interpeace s’attend de cette consultance qu’elle soit capable de fournir des données qualitatives et quantitatives sensibles venant du terrain et a trait politico-sécuritaire. Pour assurer une collecte de données transfrontalières, sensible aux conflits et aux dynamiques régionales, nous cherchons, en plus une organisation ou institution avec une présence physique, compréhension et expérience régionale en Afrique de l’Ouest ou au moins dans les 4 pays Burkina Faso, Mali, Niger et Côte d’Ivoire.

L’objectif final sera pour Interpeace de développer une compréhension approfondie des dynamiques politico-sécuritaires dans et entre les Etats sahéliens et les pays côtiers afin de pouvoir proposer des réponses basées sur les expériences des populations et d’influencer les politiques des acteurs clés internationaux.

Objectifs spécifiques

  • Réaliser la collecte de données régulière à travers un réseau bien établi et réputé de relais communautaires, en mettant l’accent sur les diverses expériences de conflit des populations et les dynamiques politico-sécuritaires dans et entre Etats sahéliens et pays côtiers ;
  • Assurer un rapportage des incidents et évènements majeurs en lien avec les dynamiques politico-sécuritaire de la zone cible au moins une fois par mois ;
  • Comprendre les dynamiques politico-sécuritaires au niveau local et leurs évolutions afin de soutenir l’analyse régionale concernant les effets de contagion entre les Etats sahéliens et les pays côtiers ;
  • Maintenir un système d’alerte précoce bien établi pour permettre la remontée d’informations en temps réel et faciliter la production des flash updates par Interpeace.

Tâches principales

  • Développer un outil d’indicateurs d’alerte précoce sensible aux développements politico-sécuritaires, au genre et aux dynamiques intergénérationnelles pour le Mali, le Burkina Faso, le Niger et la Côte d’Ivoire ;
  • Identifier 15-25 relais communautaires qui seront chargés de la collecte de données dans leurs localités ainsi que l’envoi régulier des points de contexte par pays au Mali, au Niger et en Côte d’Ivoire avec un focus sur les localités transfrontalières et difficile d’accès ;
  • Co-créer et faciliter les formations des relais communautaires au Mali, au Niger et en Côte d’Ivoire avec les équipes programmatiques régionale et nationale d’Interpeace ;
  • Assurer le suivi, le soutien et le partage d’informations des relais communautaires au Mali, au Niger et en Côte d’Ivoire ;
  • Rédiger, si besoin, et envoyer les points de contexte des relais communautaires aux équipes d’Interpeace dans les délais fixés ;
  • Valider régulièrement les analyses de contexte bimensuelles qui seront basées sur les rapports des relais communautaires et écrites par Interpeace ;
  • Participer à la table ronde avec des acteurs clés pour réfléchir sur les leçons apprises d’un an d’analyses contextuelles à la fin du projet.

Livrables

  • Un outil d’indicateurs d’alerte précoce sensible aux développements politico-sécuritaires pour le Mali, le Burkina Faso, le Niger et la Côte d’Ivoire qui sera discuté avec les équipes programmes d’Interpeace pendant l’atelier de lancement en janvier 2023 et, après sa finalisation, utilisé par les relais communautaires pour la collecte des données dans les quatre pays ;
  • Environ 12 points de contexte mensuel par relai communautaire d’une qualité analytique et comptant au moins deux pages.

Délai et déroulement de la mission

  • Soumission des livrables au début du mois de janvier (outil d’indicateurs d’alerte précoce) et chaque mois jusqu’à sa fin (points de contexte). Un calendrier détaillé sera convenu au début du projet
  • La consultance se déroulera sur une période de 12 mois à partir de janvier 2023.

La consultance sera menée sous la supervision de la Représentante régionale senior en Afrique de l’Ouest, avec un soutien technique pertinent si nécessaire. L’équipe du bureau Afrique de l’Ouest ainsi que les équipes des programmes au Mali, au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire accompagneront l’organisation contractée pendant la mission.

Qualifications demandées pour l’organisation

  • Être une personne morale ayant une présence physique au Mali, Burkina Faso, Niger et en Côte d’Ivoire
  • Accès fiable et constant à un réseau de relais communautaires en Afrique de l’Ouest, particulièrement au Mali, au Niger, au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire y compris les régions transfrontalières du Mali-Burkina Faso-Côte d’Ivoire et du Liptako-Gourma ;
  • Expérience approfondie et connaissance détaillée des systèmes d’alerte précoce au niveau local, national et régional ;
  • Bonne connaissance du contexte politico-sécuritaire de l’Afrique de l’Ouest, en particulier du Sahel et du Golfe de Guinée en ce qui concerne les acteurs et la dynamique des conflits ;
  • Accès à un bon réseau d’organisations de la société civile en Afrique de l’Ouest et acteurs non-gouvernementaux (ainsi que gouvernementaux) dans la région ;
  • Capacité à travailler dans les localités transfrontalières et difficile d’accès des États du Sahel et du Golfe de Guinée ;
  • Expérience et connaissances dans l’analyse de la dynamique de paix et des conflits ;
  • Expérience avérée dans la fourniture régulière de données quantitatives et qualitatives sensibles concernant des incidents politico-sécuritaires, l’élaboration de rapports analytiques complets et de qualité ;
  • Capacité avérée à prendre des initiatives et à travailler de manière indépendante avec une supervision limitée et dans les délais fixés ;
  • Français écrit et oral ;
  • L’anglais écrit et oral est un atout important ;
  • Capacité avérée à produire des analyses sur le contexte politico-sécuritaire en Afrique de l’Ouest.

How to apply

  • Fournissez une proposition de 2 pages maximum avec une méthodologie sur la manière dont vous souhaitez mener à bien cette mission.
  • Présentez une offre financière pour cet appel d’offres en USD.

Nous examinerons les candidatures en fonction de leur contenu technique et financier et de leur rapport qualité-prix. Les 2 ou 3 meilleures offres seront invitées à un entretien. La date limite de dépôt des candidatures est le 2 janvier 2023, la sélection et les entretiens auront lieu dans la première moitié du mois de janvier. Les candidatures peuvent être envoyées à [email protected] avec pour objet [Veille politico-sécuritaire Sahel pays côtiers – EOI].

Interpeace valorise la diversité au sein de son personnel et vise à atteindre l’égalité des sexes à la fois par la parité hommes-femmes à tous les niveaux de l’organisation et par la promotion d’une dimension de genre dans son travail. Nous accueillons les candidatures de femmes et d’hommes, ainsi que de personnes vivant avec handicap.


Closing date: 2 Jan 2023